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  • Photo du rédacteurGuy Adrian

Roundup, pourquoi tant de haine ?


Noces funèbres ? Monsanto, producteur de l’herbicide Roundup, leader des semence OGM, haï des écolos du monde entier a convolé avec Bayer deuxième producteur mondial de pesticides. Cette fusion va créer un ensemble pesant 25 milliards d’euros et emploiera 140 000 personnes. Bayer a dépensé 59 milliards dans cet acquisition de Monsanto, société historiquement chargée de péchés : productions de PCB et de l’agent orange, le défoliant utilisé au Vietnam qui a contaminé 4 millions de personnes. Avec la fusion, cette image déplorable va disparaître. Le nouveau groupe produira 1/4 des pesticides mondiaux et 1/3 des semences, évidemment OGM comme maïs, soja et coton R R (Roundup Ready). A partir de ces semences, les plantes obtenues sont prêtes et résistantes à l’emploi du Roundup. Le couple semence-pesticides est devenu le jackpot absolu de l’agro-business car, les produits étant stériles, ces semences doivent être renouvelées chaque année. Ainsi le couple infernal va tenir les paysans du monde entier dans une main d’acier. Certains de ces objectifs sont atteints car 60% des plantes commercialisées et 90% du soja américain sont déjà cultivés ainsi. L’Europe, elle, n’a autorisé que le maïs MON 180.

Le glyphosate, principe actif du Roundup lancé en 1975 est un herbicide foliaire systémique, c’est-à-dire qu’il se diffuse dans la plante qu’il doit détruire. On l’utilise dans les champs, mais aussi dans les jardins pour un usage domestique et urbain, ainsi qu’en épandage aérien. Il est toujours associé à des produits tensioactifs (surfactants) pour améliorer la pénétration et migrer dans la plante dont il va bloquer les systèmes enzymatiques vitaux. Mais quel est sa toxicité ? Par voie orale ou par injection (oui, des volontaires humains l’ont fait), la toxicité du glyphosate est faible parce qu’il est transformé en aminoacides inoffensifs. A long terme, des effets adverses semblent être observés : en 2007 on a montré que des canards mâles après exposition au glyphosate présentaient des modifications de leur système génital. En 2007, à l’Université de Caen des études sur les cellules humaines ont montrées des nécroses et une dégradation de l’ADN. Toutes les études sur le sujet ont été contestées par Monsanto, très vigoureusement, car il s’agissait pour le Roundup de presque 2 milliards de dollars annuels de chiffre d’affaire à défendre. Un autre problème était l’éco-toxicité des surfactants utilisés à hauteur de 20% dans les nombreuses formulations du Roundup. Le plus utilisé de ces additifs est le P.O.E.A. (poly oxyethylène amine). Il est cytotogique (risque de cancers) et antiandrogène (troubles de la reproduction) donc perturbateur endocrinien. En France, le glyphosate, ses métabolites et le POEA se retrouvent dans les eaux : 55% des nappes superficielles et 3% des eaux souterraines en contiennent. L’adjuvant POEA y est plus toxique pour les poissons que le glyphosate. Plusieurs études établissent sa toxicité aigüe pour les grenouilles et crapauds. Pour le moins l’usage du Roundup devrait être proscrit en zone humides.

Le 20 mars 2015, le C.I.R.C. (Centre International de Recherches contre le Cancer) a classé le glyphosate comme cancérogène probable ou possible chez l’homme. Le 15 juin, la Ministre de l’écologie, Mme. Royal, dans une déclaration précipitée dont elle a le secret, a annoncé l’interdiction de la ventre libre aux particuliers en France dès le 1er juin 2016 - en ce 1er mai 2017, vous en trouvez partout en particulier sur le Net. En 2016, l’autorisation de vente du Roundup fut rediscutée en commission de l’EFSA (agence européenne de la Sécurité Alimentaire). Monsanto qui demandait une autorisation pour 15 ans a fait un lobbying intense auprès des « experts pas si indépendants que ça » ! De plus, l’OMS est revenu en arrière : « le glyphosate ne serait pas cancérogène via l’alimentation humaine, mais il serait “peut-être un perturbateur endocrinien” ». Après 3 années la commission de Bruxelles a enfin publié les critères de définition des P.E., mais en exigeant, d’après les ONG, des critères de nocivité impossibles à mettre en oeuvre.

Pendant ce temps, de nombreux groupes d’expression et d’action anti-Roundup se sont constitués et une « Marche mondiale contre Monsanto » a eu lieu le 21 mai 2016 dans 400 villes dont 30 en France. Néanmoins, le 11 juillet, le Roundup a été autorisé par l’Europe pour 18 mois avec des règles d’utilisation visant à protéger les lieux publics, mais ailleurs… Sachez que l’Allemagne utilise le Roundup sur la moitié de ses surfaces cultivées !

L’affaire continue, sur le plan judiciaire, avec aux USA un procès « class-action » de centaines de salariés agricoles exposés au Roundup et présentant un lymphome (cancer du sang), l’accusation s’appuie sur l’avis du CIRC de 2015. Mais le 15 mars 2017, l’Agence européenne des produits chimiques, l’ECHA, a déclaré le glyphosate non cancérogène ni mutagène ! On a vu là, comme aux USA avec l’EPA (Agence de protection de l’environnement), la main du lobbying intense pour ne pas dire généreux, comme au bon vieux temps des procès contre l’industrie du tabac, quand des « experts » proclamaient que fumer 2 paquets par jour n’était pas nocif ! Là, le juge américain en charge du procès des cancers du sang s’est fâché, il a déclassifié des documents internes aussitôt baptisés « Monsanto Papers » où les dirigeants de la firme approuvaient un système de rapports bidons fabriqués, contre récompense, pour, innocenter leur produit. D’où une baisse de l’action et du chiffre d’affaires, donc, pour survivre, ils se sont vendus à Bayer. Ce mariage n’est évidemment pas du goût des opposants et des ONG, car ils savent qu’à Bruxelles, le groupe allemand est très fort pour défendre ses intérêts, on l’a vu avec leur Gaucho, insecticide néonicotinoïde toxique pour les abeilles. Les discours anti-Bayer sur le Net sentent la haine ! On a ressorti la filiation : en 1945, Bayer a été créé par la scission de l’IG Farber, empire pro-nazi de la chimie qui avait produit le Zyklon-B utilisé pour les exterminations en chambres à gaz, plus l’histoire des centaines de travailleuses esclaves livrées au Dr. Mengelé pour des expérimentations fatales à Auschwitz.

Non, là, j’arrête, car bientôt, d’après ces articles, tout agriculteurs utilisant le Roudup va être accusé d’être un suppôt des nazis ! Ici, dans ce blog, j’essaye de commenter l’actualité des Sciences appliquées et quelques problèmes du moment, de façon légère et humoristique (hum, pas toujours !). Je m’en tiens aux faits, en utilisant le plus possible des informations écrites, publiées et vérifiées. Pour ce qui vient du Web, je recoupe les informations et rejette hoaxes, fake-news et autres théories complotistes.

A travers ces trois articles sur les P.E. et l’agro-chimie, le bilan semble bien sombre. L’histoire du Roundup est loin d’être terminée, elle illustre la nécessité d’un changement d’attitude dans la maîtrise des produits destinés à traiter et « améliorer » notre environnement. Lorsqu’après des décennies, certains composés très utilisés se révèlent toxiques, nous sommes démunis quand il faut leur trouver des substituts efficaces, fiables et sans danger. C’est vrai pour le Roundup, mais aussi pour les phtalates, le Bisphénol A et autres Parabens.

Quant à l’attitude facile : « Y a qu’à revenir aux méthodes et produits du passé, au bon vieux temps… ». Oui, bon, je réfléchis, par exemple : le joli smartphone dans ma poche, est-ce que je suis prêt a m’en passer, parce qu’il émet des ondes nocives ? Non… alors, pour le reste c’est pareil, on fera avec, mais en restant informés, prudents et vigilants

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