Vous pensiez avoir une vie bonne, avec un juste équilibre entre travail et loisirs, une alimentation saine et variée, un comportement éco-responsable, vous vous souciez du futur de notre planète, vous triez vos déchets, vous essayez de vivre en harmonie avec notre Mère Nature... bravo, bravo !!
Mais non, rien ne va plus car semaine votre bible de consommateur éclairé, le magazine-banc d'essai qui vous permet de comparer les mérites, prix et avantages des produits usuels tels que : smartphones, couche-culottes, protèges-slips, soupes en sachet et capsules de café, votre indispensable "60 millions" vient de vous révéler une terrible menace : votre environnement, vos enfants et vous-même êtes bourrés de PERTURBATEURS ENDOCRINIENS (P.E.), horribles molécules sournoises qui mettent votre vie paisible et votre futur radieux en grand danger ! Les analyses effectuées sur 43 enfants de 10 à 15 ans, en milieu urbain et rural, ont, en moyenne, révélé la présence de 34 P.E. dans leurs cheveux. Ça n'est pas surprenant car en mars déjà l'analyse des cheveux de 7 personnalités dont M. Bové, Hulot et Jadot avait conclu à 36-68 P.E. par tête. Si des vieux écolos de la première heure en ont autant, imaginez un peu le citoyen lambda ! De quoi avoir le moral en berne, déjà qu'on avait les particules fines dans l'air avec les fumées de diesel nocives, les nano-dérivés genre E-171 qu'on nous fait avaler dans les chewing-gums et dentifrices, les additifs et colorants E x, y, z dans notre bouffe industrielle, les sulfites dans le vin que nous buvons avec modération, les allergènes et le gluten perturbateurs de notre tripaille, les mycoses sournoises entre les doigts de pieds ou dans l'intimité des dames, les pesticides dans nos 5 fruits et légumes quotidien, les maladies de Lyme qu'un tique a refilé au petit dernier lors d'une ballade en forêt, les moustiques porteurs de chicungunya et de zyka, plus tout le mercure avalé dans les sushis au thon dont nous raffolons, alors, ces P.E. il ne manquait plus que ça !
Au fait, c'est quoi un P.E. ?
Voilà la définition de l'Organisation Mondiale de la Santé : "c'est une substance exogène (extérieure au corps) ou un mélange qui altère la ou les fonction(s) du système endocrinien, et, par voie de conséquence, cause un effet nocif sur la santé d'un individu et sa descendance..."
Définissions le système endocrinien (ou système hormonal) : c'est un réseau de communication qui commande votre corps. Son nom est formé des mots grecs endo (en dedans) et krinien (sécrétion). Ces sécrétions ou hormones sont les messagers de ce réseau. Elles sont produites par des glandes endocrines contrôlées dans nos crânes par l'ensemble hypophyse-hypothalamus. Grâce aux hormones, nos organes peuvent travailler ensemble et chaque glande endocrine a un rôle précis:
- La thyroïde régule la température, le métabolisme et chez le foetus le développement du cerveau et du système nerveux.
- Mesdames, les ovaires produisent les oestrogènes et la progestérone qui assurent les caractères sexuels féminins et permettent la grossesse.
- Messieurs, les testicules produisent la testostérone qui influence les caractéristiques masculines et la reproduction.
- Le pancréas sécrète l'insuline chargée de réguler le taux de sucre (glycémie).
- Les surrénales sécrètent le cortisol et l'adrénaline et régulent les minéraux dans le sang.
Les glandes endocrines envoient ces hormones pour délivrer des messages, à leur arrivée, elles sont accueillis dans les cellules en s'attachant à des récepteurs spécifiques. Mais là, hélas, les P.E. sournois peuvent se substituer aux hormones en les imitant et en se fixant aux récepteurs qui vont transmettre de fausses informations. Cela ne va pas détruire les cellules mais brouiller la communication, il va y avoir des "bugs" dans la programmation des organes ou dans les fonctions du corps, ce qui augmente les risques de cancers.
Comment a-t-on identifié ces P.E. et montré leur nocivité ? L'exemple historique est le D.D.T., le fameux insecticides découvert en 1874 et utilisé massivement pour éradiquer les moustiques vecteurs de la malaria. Toxique et cancérigène, il a été interdit en 1971 mais a persisté dans l'environnement, en particulier dans les cours d'eau et les lacs. Il s'était concentré dans les poissons. Les oiseaux qui mangeaient ces poissons stockaient le D.D.T. en eux, s'accouplaient moins et les coquilles d'oeufs trop fines ne pouvaient pas être couvées, d'où la disparition de ces espèces. Une biologiste, Rachel Carson, en fit un livre : Printemps silencieux. On confirmera, 20 ans plus tard que le D.D.T. et bien d'autres produits chimiques interféraient avec le fonctionnement hormonal en menaçant la faune, mais aussi l'espèce humaine en particulier les foetus. En 1991, la conférence de Wingspread a défini le terme de P.E. (endocrine disruptor) et les risques pour la fertilité et la survie de l'espèce humaine. Mais s'il suffisait de faire une conférence pour résoudre les problèmes ça se saurait ! En plus du D.D.T., on avait développé des P.C.B. (polychlorobiphényles) comme isolants (pyralénes) et lubrifiants. Ils ont été utilisés dans les transformateurs et beaucoup d'équipements. Leur destruction et la décontamination est difficile. Trente ans après leur interdiction, ils persistent dans les rivières et les sols, arrivent chez les humains par l'alimentation et on en a retrouvé dans les cheveux de ces enfants.
Quels sont les risques causés par les P.E. ?
Ils sont encore mal connus et probablement sous-estimés, voici quelques possibilités :
- Faire baisser la qualité du sperme de l'homme (en 17 ans le taux de spermatozoïdes a baissé d'un-tiers).
- Entraîner des malformations génitales chez les nouveaux-nés et des fausses couches.
- Augmenter les risques de cancers.
- Accentuer les réactions allergiques.
- Baisser les Q.I. de nos ados.
La suite, vous verrez bientôt, n'est pas plus gaie !
A bientôt !