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  • Photo du rédacteurGuy Adrian

Black January - fausse suite et scénarios possibles


Je vous avais promis, Chers Lecteurs, deux chapitres pour terminer la fiction "Black January". Rappel : les héros, au coeur d'une France sans électricité et livrée au chaos, devaient réapprendre à vivre ensemble, s'entraider et montrer qu'une vie sans écrans ni smartphones étaient encore possible.

Les deux jeunes Seb et Emilie, à nouveau réunis allaient s'aimer, être heureux et 9 mois après la panne avoir un enfant.

Oui, bon ! Inconsciemment contaminé par les douceurs de Noël, y compris celle du climat, ramolli par les plats riches et des vins capiteux, j'avais fait un long texte guimauve, truffé de clichés sur le comportement des personnages. Tout cela vaguement inspiré par les livres et scénarios du "genre catastrophe" chers aux américains dont le Jour d'après de R. Emmerich qui décrivait une glaciation brutale des USA et de l'Europe. Pourquoi raconter le même genre d'histoire avec juste en plus des réflexions sur les nouvelles technologies qui nous éloignent de la réalité ? Exit, donc, cette historiette et toutes mes excuses pour ce raté !

Mais il en restait le titre "Janvier Noir", pourquoi pas "Janvier Terrible" ? Avec ces mots, Internet m'a renvoyé à de très vieux souvenirs personnels, ceux de l'hiver 1963, le plus froid du 20ème siècle. Jeune étudiant en Chimie à Lille, je logeais dans une petite chambre à Fives et je m'y gelais grave ! Blotti contre un petit radiateur minable, je soufflais sur mes doigts gourds en apprenant mes cours. Dehors, j'étais emmitouflé dans un paletot-veste avec dessous un pull à col-roulé très moche tricoté par Maman, je portais un caleçon long sous le pantalon, des chaussettes tricotées, des brodequins aux pieds et sur la tête une casquette munie de rabats pour les oreilles (vous pouvez voir ce modèle "collector" chez les derniers chapeliers corréziens). Sur ma route vert la Fac, je faisais des détours pour ne pas passer sous les énormes glaçons qui pendaient des chêneaux et je slalomais sur les trottoirs entre les fleuves de glace vomis par les canalisations éclatés. Rivières et canaux étaient pris par les glaces et j'ai vu, en allant visiter ma copine à Dunkerque, la Mer du Nord gelée à perte de vue.

Que s'était-il passé ? La France et une bonne partie de l'Europe, entre novembre 1962 et fin février 1963, a connu des températures négatives et trois vagues de froid de plusieurs semaines, entre -10° et -20°, plus d'abondantes chutes de neige partout, jusqu'à 1 mètre à Barcelone ! Pour Noël 1962, toutes les stations météo françaises annonçaient des températures inférieures à -10°. Vous verrez photos et articles de presse sur le site : alertes-meteo.com. Vous y trouverez aussi les cartes météo de l'époque et l'explication : "une fusion de l'anticyclone des Açores avec un anticyclone groenlandais". L'air glacé venu du Pôle Nord a stationné pendant 3 mois sur l'Europe, ce qui ne s'est pas renouvelé depuis. Vous allez me dire : "Oui, c'est un scénarios très particulier, à une époque où on ne parlait pas de réchauffement climatique, qui à présent, provoque des hivers très doux". Ça reste à voir ! Tenez, là, au moment où j'écris ces lignes, en Amérique du Nord-Est, ils ont depuis 3 semaines la pire vague de froid enregistrée depuis 50 ans. New-York est bloqué par le blizzard venu du Pôle et même la Floride est sous la neige, du jamais vu! Alors ?

A mon avis, parler de "réchauffement climatique" sans y adjoindre "global" est un non-sens. Il vaut mieux parler de "changement climatique" provoquant localement (ou même à l'échelle d'un continent) : cyclones, tempêtes, canicules, sécheresse extrême et... vagues de froid intenses, pour lesquels les Etats sont plus ou moins préparés.

Revenons au scénario d'une grande panne de courant en France. La Presse, en novembre dernier a détaillé à pleines pages les menaces qui pèsent sur le réseau : centrales nucléaires vieillissantes avec arrêts fréquents et maintenance délicate, certaines à fermer comme Fessenheim ou en projet jamais terminé comme Flamanville. Les grandes centrales thermiques ont été démantelées car obsolètes et polluantes. Les énergies renouvelables, éoliennes et panneaux solaires n'auront toujours qu'un part faible dans le mix énergétique pendant encore des années. Si une vague de froid polaire arrive avec grand froid, neige et blizzard, les lignes électriques aériennes cassent, les pylônes s'écroulent. Faute de vent, les éoliennes ne tournent pas, les panneaux solaires sont inopérants, châteaux d'eau et canalisations explosent. A ce moment, toute la France qui grelotte branche ses appareils électriques. Malgré les délestages, le réseau est dans le rouge. Les autres pays européens pris dans les glaces eux-aussi ne peuvent rien fournir. C'est l'effondrement des réseaux électriques : le "janvier noir" !

Délire ou fiction ? Ce qui est réel et incontestable, c'est notre dépendance, notre addiction frénétique au "carburant de nos vies" : l'électricité. Nous utilisons toujours plus les objets connectés et les appareils électriques, du lever au coucher : chauffage, chauffe-eau, sèche-cheveux, grill-pain, cafetière, ascenseur, escalators, trains et bus, ordinateur, smartphones puis le soir, micro-onde, laves-linge et vaisselle, consoles, box, télés, éclairages et sans oublier caisses enregistreuses et moyens de paiement, DAB, etc.

Tout ce bazar ne fonctionnerait plus : RIEN !

Ceux qui ont le gaz pourront cuire et boire chaud mais les chaudières seraient à l'arrêt du fait de leur régulation électrique ainsi que les pompes à essence. Notre monde actuel doit être, pour fonctionner, alimenté en permanence par cette électricité que l'on ne sait pas stocker, sauf dans les batteries, de façon limitée, et ça ne va pas s'arranger. Avez-vous bien enregistré les diktats énoncés par le ministre-ex-animateur-télé-pilote d'ULM et la Maire de Paris ? Fin des voitures à moteurs thermiques essence ou diesel remplacées par des voitures électriques d'ici 2035.

Hier, je remontais de Sète vers Lyon et, à la pause sur l'aire de Montélimar-Sud, je m'étais garé près d'une borne de recharge électrique rapide. Sous mes yeux, les câbles d'alimentation munis de broches énormes étaient aussi gros que des bras d'enfants. Je pensais aux courants d'intensité de centaines d'ampères passant dans ces câbles pour une recharge en 30 minutes des milliers de batterie lithium. Je me suis projeté en France, en janvier 2035, lorsque des millions d'automobilistes de retour chez-eux voudront recharger leurs voitures pour pouvoir aller bosser le lendemain. Qui leur fournira les terrawatts/heure nécessaires (terrawatts : milliers de milliards de watts) ?

"Allo, quoi, l'Elysée, on a un problème !" Pour une production massive et fiable d'électricité d'ici 15 ans, quels sont les scénarios possibles (je n'ose pas dire les solutions) :

- Routine : continuer avec notre porc nucléaire au bout du rouleau, si ça pète, on verra bien ! (Bof!)

- Créatif : en refaire des neuves genres EPR. Avec les expériences d'EDF en Finlande, Flamenville et Hinkley-Point à fuir ! (Au secours !).

- Anti : arrêter la filière nucléaire U235/Plutonium et repartir avec Thorium 232. (cf. article U-232). Très difficile à mettre en oeuvre en 15 ans, même si Indiens et Chinois s'y lancent à fond.

- Baba-cool : changer de mode de vie et de consommation, décroissance totale. Fin des télés, 4G, fesse-book... lessives à la main, bouffe bio-vegan retour à la terre. Personnellement, j'ai fréquenté dans les années 70 des communautés "hippies-peace&love" avec cheveux longs, gilets en peau de mouton, sabots, élevage de chèvres en Ardèche, alors merci, non je laisse ma place aux futurs jeunes idéalistes !

- Ingénieux : créer un réseau d'une dizaine de centrales thermiques ou gaz, connectées par des lignes enterrées semble être la moins mauvaises solution. Ces centrales pour produire la vapeur destinées à actionner turbines et alternateurs brûleront du gaz méthane pour donner de l'eau et du gaz carbonique, sans rejeter des plus dangereux polluants à effets de serre, alors que le fuel lourd et le charbon produisent SO2, l'air hybride sulfureux responsable, entre-autre, des pluies acides. Le gaz carbonique émis pourrait-être piégé, capté et stocké. Reste un problème de taille : "On met où ces centrales et ces stockages ?". Là vont se déchaîner les "sceptiques franchouillards" donc les avis seront : "OK, mais PPDCM" (Traduction : d'accord, mais pas près de chez moi. Version française du syndrome "Nimby" en american-english).

Chacun, en effet, aime le Progrès, mais pas en subir le moindre inconvénient. Entre les enquêtes, les débats, les décisions, les secours, les ZAD, on ne va pas être prêts dans 15 ans. Pour mémoire : autoroute A45 Lyon-St Etienne, début des études il y a 70 ans, rien. Notre-Dame-des-Landes, 40 ans. Décision ce mois-ci ! Ha ha ha !

Conclusion : "On est pas dans la..." (in deep shit !)

Essayez vous-mêmes, Chers Amis, de trouver une solution efficace, durable et fiable par tous les temps. Pour produire cette fichue électricité et proclamez-la bien fort !

Rappel : barrages hydrauliques, hydroliennes, c'est déjà fait. Les mouvements perpétuels, moteurs à eau, à air, à huile de friture, c'est non. Couvrir la Planète de champs de maïs OGM pour faire de l'éthanol 95, non plus ! Capter les pets de vaches et le lisier de porc pour faire du biogaz, d'accord mais les végans et les L214 vont être contre ! Si on ne trouve rien la solution arrivera d'elle-même, à l'image des Pays en voie de développement : une alimentation en électricité restreinte à 6 heures par jour, par secteur : un jour les numéros pairs d'une rue sont alimentés, le lendemain au tour des impairs. On peut imaginer que cela favorisera les contacts entre voisins pour se dépanner !

Voilà, c'est tout, je suis vraiment désolé de vous avoir gâché ce début janvier, même s'il ne sera pas forcément noir !

P.S. : Et si vous alliez voir sur Internet comment survivre en cas de panne : piles, radio, bougies, réchauds, nourriture hyophilisée, etc. ?

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