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  • Photo du rédacteurGuy Adrian

U-233


Ce n'est pas le numéro de code du sous marin allemand (untersee-boot), qui en mai 1945 a exfiltré les dignitaires nazis survivants vers la Patagonie occidentale pour les mettre à l'abri dans un domaine fortifié, où ils auraient essayé de préparer l'avénement du 4ème Reich !

Non, c'est un isotope de l'Uranium de masse atomique 233, on peut le préparer à partir de Thorium-232, un métal assez commun dans la nature par capture d'un seul neutron. Le thorium naturel, très faiblement radioactif n'a été utilisé que dans les manchons Auer, pour les becs de gaz, à partir de 1890 (j'en ai encore vu) et les lampes de camping. Sous forme d'oxyde ThO2, il rend les flammes brillantes. Lorsqu'on irradie Th-232 dans une pile atomique, on obtient U-233 qui est un isotope capable de subir la fission nucléaire comme l'Uranium-235 (bombe d'Hiroshima) ou le Plutonium-239 (Nagasaki), mais il n'est pas facile à manipuler, donc, on ne l'a pas retenu pour faire des bombes atomiques. Par contre, cet U-233 aurait pû être utilisé, sans l'isoler, comme combustible dans les centrales nucléaires destinées à produire de l'électricité. en effet, la fission d'un atome d'U-233 fournit 2,5 neutrons en plus de l'énergie récupérable via un échangeur. Grâce à ces neutrons en excès, si on rajoute du Th-232 dans le circuit, on entre dans un système de sur-régénération qui s'entretien tout seul. Ça peut fonctionner à pression atmosphérique, dans un mélange de sels fondus. S'il y a un problème, on refroidit, le sytème redevient solide et la réaction de fission s'arrête. en plus, ça produit dix fois moins de déchets radioactifs que les centrales nucléaires conventionnelles à Uranium-eau pressurisée, éventuellement explosives, façon Tchernobyl ou Fukushima.

Le Thorium 232 est 4 fois plus abondant que l'Uranium sur Terre, on le trouve sur tous les continents, et en France en Bretagne. Il est présent à 10-15% dans les minerais de "terres- rares" (éléments métalliques indispensables dans nos télés et smartphones). Le Thorium en est un sous-produit inutilisé que l'on stocke : 10 000 tonnes en France, ce qui, après irradiation, permettrait 2 siècles de production de la totalité de l'électricité de notre beau pays ! Alors, qu'est-ce qu'on attend pour mettre au point cette filière et en faire le "carburant national" ?

A ce stade, cliquez sur Thorium, lisez l'avis de "Sortir du nucléaire", puis la rubrique du très officiel CEA (Commissariat à l'Energie Atomique).

Les premiers sont clairs : rien que le mot nucléaire les fait bondir, donc pas question ! Les deuxièmes disent que le système Uranium et dérivés avec eau pressurisée leur va très bien depuis 60 ans, alors, les rêveries au Thorium, il n'en n'ont rien à faire !

Vous êtes revenus ? Le système au Thorium a été testé à partir de 1945, pendant 20 ans, à Dakridge (Tennessee, USA) par les grands savants atomistes de l'époque. Puis le géant de l'énergie US, Westinghouse, en 1965 a décidé en faveur de la filière Uranium, bien appréciée aussi par les militaires américains pour les bombes et les moteurs de sous-marins nucléaires type "Nautilus". Les chinois, en 1968, suite à une pénurie de charbon après le "Grand bon en avant" avaient testée une centrale à Thorium, sans suite. Mais à présent, l'Inde surtout et la Chine encore, bossent à fond sur le Thorium, car ils en ont des gisements et du stock. Ils veulent atteindre leur indépendance énergétique à partir de 2030, mais pas qu'eux, sur tous les continents, le nombre de centrales nucléaires et la part de cette énergie va passer de 15% à 40, voire 50 pour la Planète.

Lorsque vous visitez Pékin, Shangaï, New-Delhi, où l'air est à peine respirable, vous comprenez pourquoi ils vont préférer ce système de production électrique débarrassé d'émission de fumées toxiques, de particules et du CO2 permettant ainsi une consommation accrue pour les usages domestiques, chauffage inclus et les transports (voitures, deux-roues et trains). Pour les déchets radioactifs, logiquement soit il faut en produire moins (filière Thorium), soit les consommer dans des sur-régénérateurs.

Et chez vous ? On ne va pas refaire l'Histoire ! Nous avons 19 sites et 58 réacteurs exploités par EDF sous la surveillance de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Pour prolonger leur existence un chantier colossal est mis en route sur 10 ans et coûtera 100 milliards d'euros, c'est le "grand carénage" dédié à la rénovation des contrôles-commandes, des turbo-alternateurs, des générateurs de vapeur et des groupes-diesel de secours en cas d'incident grave. La durée de vie des centrales construites entre 1970 et 1980 sera prolongée de 20 ans. Après, espérons-le, nous aurons comme source d'énergie la fusion, sans déchets, avec une matière première illimité, le rêve !


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