Eloge des Éditeurs
- Guy Adrian
- 1 oct. 2016
- 3 min de lecture

Voici la couverture de mon nouveau livre prévu pour janvier 2017 dans les librairies, rayon Science-Fiction. Oui mes amis, je suis un auteur de S.F., ce que je ne savais pas encore ! Moi, naïvement, je croyais que j'écrivais des romans juste un peu techno-thrillers, comme Vieux Corbeaux ou Organisation Wong. Pas du tout ! On me dit que les romans, les vrais, doivent être des histoires dramatiques, voire tragiques, remplies d'action, de bruit et de fureur ou alors de belles rencontres où des gens s'aiment, vivent ensemble, se quittent, se retrouvent... De plus les Vrais Romans sortent à date fixe, écrits par les Vrais Auteurs, connus eux ! Comme par exemple la dame belge au grand chapeau noir (20 romans) ou le très vieux monsieur ridé aux beaux yeux bleus (50 romans, au moins). Ces auteurs et quelques autres sont publiés fièrement par des Éditeurs comblés et heureux, car en plus de bonnes ventes, on s'arrache ces célébrités pour les Salons et les séances de signatures.
Les autres petits auteurs, vrais aussi, mais inconnus et méconnus sont publiés très difficilement, car les Éditeurs (qu'ils soient bénis car c'est un dur métier) doivent lire des manuscrits de 200 à 600 pages, supposés être, selon ces auteurs à l'égo boursouflé, les best-sellers du 21ème siècle. Puis, nos chers Éditeurs vont, avec leurs équipes si efficaces et dévorées, transformer les textes choisis en livres qu'ils vont devoir glisser dans la pile des soixante dix mille publications françaises éditées chaque années (déjà 560, rien que pour cette "rentrée littéraire" de septembre 2016).
Les chances pour un auteur lambda d'avoir plus de 200 lecteurs en version numérique et 500 en version papier sont minces, même comptant la famille, les copains, la concierge et les voisins. Autant dire que l'Éditeurs, hélas, va se retrouver avec une bonne pile d'invendus sur les bras ! Quelle abnégation ! Grands sont leurs mérites ! Il faut les révérer, les encourager et les câliner. Ainsi, moi, dans mon bureau-atelier de peinture, entre un portrait de Marylin Monroe et un grand nu représentant ma copine (qui ne l'a pas apprécié du tout, car trop grosses fesses, soi-disant), j'ai affiché le portrait de mon éditrice. Tous les jours, je me concentre en la contemplant, je la supplie mentalement de poursuivre son dur labeur et de continuer à publier mes insanes petites cogitations fictives - puisqu'il s'agit de Science-Fiction.
En fait, j'écris de la S.F. comme monsieur Jourdain écrivait de la prose : sans le savoir ! Mais, au moins, c'est moi qui l'écrit, on en est beaucoup moins sûr pour Molière dont on a aucun manuscrit et pour beaucoup de spécialistes, Pierre Corneille serait l'auteur de ses pièces.
Pour bien prouver que c'est moi qui aligne ces débilités, je joins la photo de cette page à l'Endroit (c'est le nom du restaurant ou j'écris ce midi). C'est très bien, correct et tout : entrée-plat-verre de vin-café pour 19,80€. J'y mange tous les jours en semaine, à la même table, en bord de l'allée centrale afin de mater les allées-venues des serveuses mignonnes. Le patron est très sympa aussi. Il a lu L'Organisation Wong et l'a aimé, c'est dire !

Ce qui est bien avec ces petites pages de blog, c'est qu'on peut les écrire n'importe où, sans chichis, pas de quoi en faire un roman, quoique... Guy de Maupassant a écrit les trois-quarts de ses contes et nouvelles à des terrasses de cafés parisiennes, la veille pour paraître le lendemain dans les journaux. A la même époque, Gustave Flaubert a mis cinq ans pour sortir Madame Bovary, roman qui donne envie de mettre fin à ses jours, comme cette pauvre dame, mais je déconseille l'arsenic, ça fait très mal !
Chers Editeurs, tenez-bon, et vous, chers lecteurs-blogueurs-auteurs, si vous trouvez personne pour vous publier, empruntez à vos beaux-parents (vous êtres déjà fâchés avec eux, alors un plus, un peu moins...) et lancez vous à compte d'auteur, même Marcel Proust l'a fait, alors...
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