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  • Photo du rédacteurGuy Adrian

Merci Steve, merci ! (Steve Jobs, 1955-2011)


Quelle semaine bouleversante ! Heureusement, notre omni-Président a fait front en zig-zaguant d'un pays et d'un enterrement à l'autre : d'abord un voyage en Algérie plein d'embûches suivi d'un petit tour expéditif au Qatar pour engranger 11 milliards d'euros de contrats et retour à Paris pour l'éloge de Jean d'Ormesson. Quel beau geste de respect que ce petit crayon de papier posé sur le catafalque ! Puis ce fut les funérailles populaires de Johnny et le discours dont j'ai applaudi la péroraison. Dans la foulée il a reçu le Premier Ministre israélien pour calmer la tension provoquée par la bêtise du Président Donald et ce mardi, il a relancé la lutte contre le réchauffement climatique. Tout cela avec une élégance souriante, en trouvant les mots justes. Quel changement lors des discours officiels par rapport au précédent titulaire, le petit gros boudiné dans son costume avec sa cravate de traviole, alors que maintenant nous voyons un joli jeune homme dans son manteau cintré avec une écharpe artistiquement nouée autour de son cou, sûrement avec amour, par Madame Bibi.

Tout lui a souri, on l'aime... Mais serait-il présomptueux ? Je le crains, car il vient à présent de se lancer dans une nouvelle tâche titanesque, digne des Héros antiques : interdire les téléphones portables dans les écoles et collèges de notre beau pays. Il parait que c'était une de ses promesses de campagne - comme si une fois élu, on devait tenir les-dites promesses. Enfin... Voici la thèse officielle : "Le portable distrait les gamins, favorise le harcèlement sur les réseaux sociaux et les empêche de faire du sport". Une étude a été menée dans les lycées anglais : là où les mobiles ont été interdits, les notes sont de 6% plus élevées, là où ils sont permis, les élèves en difficulté plongent de 14%. A l'opposé, d'autres pédagogues prétendent que le smartphone bien utilisé peut être un outil d'apprentissage utile (sic).

Utile, évidemment, puisque l'ado a réussi l'inclusion du mobile en lui-même, fusionnant ainsi vie numérique et physique, ce qui était exactement le rêve de Steve Jobs lors de la présentation du premier iPhone, le 9 janvier 2007 à San Francisco. A présent pour nos enfants, le portable est leur "meilleur ami", autant qu'ils s'y sont habitués très jeunes. En moyenne, à 6 ans, ils passent déjà 6 heures par jour devant un écran : consoles, tablettes, télés et téléphones des parents sur lesquels ils adorent faire glisser leurs petits doigts gras. Ils maîtrisent spontanément "l'écran tactile capacitif multipoint" inventé par Steve et trouvent tout seul des super-jeux très colorés, très attractifs et additifs. Entre 12 et 17 ans, 86% des ados possèdent un smartphone : à eux les joies des tchats, réseaux et vidéos. Dès 10 ans, à l'entrée au collège, le jeune exige son mobile, pour être comme les autres, et, soi-disant être localisé donc éventuellement joignable par ses naïfs et gentils parents. Tu parles, comme si un smartphone servait à ça ! Sûrement pas, sauf pour les appels-taxis : "Papa, j'suis chez Kevin (5 minutes à pieds), tu peux venir me chercher ?".

En moyenne, l'ado va passer 4 heures par jour le nez sur son portable, avec des petits suppléments la nuit lorsque les braves parents croient que leur cher bambin dort pour être en forme le lendemain, lors du contrôle de math ou de français. Les mômes, eux, sont clairs : "On s'embalek de Molière et Pythagore !". Ils ont mieux à faire, par exemple aller sur YouTube, troisième site après Google et Facebook avec 1 milliard d'utilisateurs et 2 milliards de vues par mois des vidéos préférées : humour trash, bêtisier, musique, beauté allant de centaines de milliers de vues à quelques millions. N'importe qui avec son smartphone peut en 5 minutes faire une vidéo et la diffuser sur YouTube. A chaque minute, dans le monde, un total de 400 heures de vidéo est publié et chaque mois 25 millions d'internautes français, dont deux-tiers d'ados surfent au moins 2 heures sur YouTube, et ne passons pas hypocritement sous silence les petits moments furtifs sur les sites pornos comme "Tukif" qui se vante d'avoir 1 million de vues par jour (il n'est pas le seul du genre). C'est ainsi que bon nombre d'ados réalisent leur éducation sexuelle puis échangent ensuite blagues lourdes et sextapes sur les réseaux.

Alors, on voudrait priver nos chères têtes blondes de tous ces petits plaisirs en les séparant de leur smartphones adorés 6 heures par jour, presque 200 jours par an ? Bon courage, on n'a pas fini d'en parler !

Doit-on réprimer, s'alarmer, alors que nous-mêmes, avec en 2017 la moitié de l'humanité connectée, sommes entrés dans l'ère numérique ? Nous tapotons l'écran de nos mobiles, en moyenne 150 fois par jour, sans y penser, emportés malgré nous dans la virtualité des images, des contacts et des flux de données !

J'exagère ? Ce matin, dans votre transport en commun, est-ce que les deux-tiers des présents n'avaient pas un smartphone à la main ou des écouteurs aux oreilles ? En sortant, est-ce qu'ils ne parlaient pas à leur bidules ou s'activaient sur l'écran sans regarder devant eux ? Et tous ces mobiles actifs pendant la matinée sur le lieu de travail. Vous avez vu, à midi, ce couple au restaurant, face-à-face, chacun occupé par son écran ! On pourrait continuer, tiens avec tous ces selfies, 80 milliards l'an dernier. Cet acte du "selfie", pour nos bons Psys, relève - je cite- de la "masturbation narcissique compulsive". D'ailleurs, certains effectuent des selfies pendant leurs orgasmes et les postent sur "beautifulagony.com". Au moins, ça leur laissera des souvenirs !

En 10 années, toutes les prévisions se sont réalisées, avec tous les usages prévus : caméra, géolocalisation, cartographie, iPod intégré, mail, SMS, MMS, messagerie vocale, accès aux plateformes de téléchargements : jeux, télés, presse et livres électroniques... Ah, au fait, ça sert éventuellement à téléphoner, mais très peu (10% du temps d'utilisation pour les ados). Si vous regardez la galerie de la série des iPhones depuis 2007, vous observez qu'ils ont toujours la même forme, juste un peu plus minces, plus grands et ils sont fabriqués par Foxconn à Shenzhen (Chine). Le nouveau 10, très cher, se distingue par le système de déverrouillage par reconnaissance faciale. Bravo, mais comme me le disait un ami : "Je m'en fiche, mon portable n'a pas besoin de me reconnaître, puisque je l'arrête jamais !". Moi, c'est pareil, je me contente de recharger la batterie et je fais tout avec : mails, messages, achats... Mon bon vieux P.C. ne me sert plus à grand chose, mais c'était prévu, car il y a 10 ans, chez-nous on voulait appeler le smartphone "ordiphone". Bien sûr, ce terme n'a pas été utilisé, d'autant qu'on n'en a pas fabriqué en France, à part des versions simplifiées à quatre touches pour les vieux-seniors. Par contre, à présent pour l'utilisation du smartphone à tout-va, nous n'avons aucun problème. Tenez, hier soir, à ma salle de fitness, je pédalais à bon rythme, ma voisine de vélo était une jeune femme vêtue d'une tenue grise et rose, chaussée de Nike roses fluo très belles. Si elle avait levé le nez de son smartphone, je lui en aurais volontiers fait compliment, mais coiffée d'un casque audio, elle tchatait sur Facebook. Au bout de 5 minutes, un bip s'est fait entendre, en provenance de son bracelet connecté et elle a envoyé des données vers sont mobile, j'en ai profité pour la questionner. Grâce à une application" Running-truc", elle gérait ses paramètres : distances, vitesses, calories, rythme cardiaque, etc. En vu d'une course de 10 km fin décembre. Pour être prête, elle n'a qu'à suivre son programme personnalisée via l'appli. A côté, un mec frimeur a essayé lui aussi d'engager la conversation avec la belle, sans succès, car elle a remis son casque audio et elle est partie pour son cours de "body-attack", lui aussi programmé. A ce moment, sur le plateau, la moitié des présents entre 18 et 50 ans avaient le smartphone à la main ou tout près d'eux. Un jeune, foudroyé par l'arrivée d'un message en pleine séance d'abdos était sur le dos, jambes repliées et faisait courir ses pouces sur le clavier. Dans un coin, jouant la discrétion tout en marchant sur un tapis roulant, un quinqua entrepreneur du BTP était en discussion téléphonique avec son assistante présente au bureau. Il m'a déjà expliqué qu'il gère son entreprise et ses chantiers via son mobile et le reste de sa vie pareil : divorcé, il va sur les sites de rencontres où des algorithmes décident pour lui du choix d'une partenaire. Dans son énorme SUV 4X4, il ne regarde plus l'ordinateur de bord et ses cartes, c'est "Waze" qui détermine la route à suivre, pas de soucis !

Vous vous demandez peut-être où est la fantaisie dans ce monde hyperconnecté et où intervient le libre arbitre de chacun ? Ne sommes nous pas devenus les jouets de nos smartphones, des esclaves drogués compulsifs ? Pour en revenir à nos enfants, les sevrer de leur super-doudou favori, ça va être dur. Vont-ils protester et défiler dans les rues sous la bannière FUPPAC (Front Uni Pour Le Portable au Collège), ou même boycotter les cours et refuser les contrôles de français et de maths, alors qu'ils sont déjà les cancres de l'Europe ?

Notre rôle à nous, adultes qui maîtrisons l'usage des nouveaux objets connectés est de calmer ces jeunes en leur expliquant qu'après en avoir été privés quelques heures, les retrouvailles seront encore plus agréables... Oups, je viens d'entendre un Bip caractéristique, une petit lumière bleue s'est allumée sur mon smartphone : c'est Messenger !

Je vous quitte, Lecteurs chéris, il faut que j'aille voir. A bientôt, Joyeux Noël, avec je l'espère un nouveau "joujou-phone" pour vous sous le sapin...

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