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"On tue les vieux", version 2017

  • Photo du rédacteur: Guy Adrian
    Guy Adrian
  • 15 mars 2017
  • 3 min de lecture

Ouf, enfin une bonne nouvelle dans mon journal : l'épidémie de grippe est terminée ! (Le Parisien du 8 mars). La mauvaise nouvelle, c'est que 21 000 Vieux y sont passés, on parle pudiquement de surmortalité des seniors de plus de 65 ans. En 2014-2015, lors de la précédente épidémie, ils "n'étaient que" 18 300 ! Qu'est-ce qu'on a fait pour empêcher ça ? RIEN, ON S'EN FOUT ! 20 000 Vieux de plus ou de moins... Mais 200 morts de plus sur les routes en 2016, là, on s'agite ! Monsieur le Haut-délégué à la Sécurité routière annonce illico des limitations de vitesse, radars et contrôles policiers en plus, car c'est intolérable, n'est-ce pas ? Et 20 000 morts alors ?

Dans les explications et les excuses foireuses, il est dit que les personnes âgées rechignent à se faire vacciner contre la grippe (les soignants aussi) et que le vaccin n'est pas assez efficace pour elles, dû à leur système immunitaire fatigué. Le taux de protection contre le virus H3N2 est de 23% chez les plus de 65 ans. Ce virus étant le même qu'en 2014-1015, nos brillants savants de l'institut Pasteur et de Sanofi n'auraient-ils pas pu doper ces vaccins qui leur rapportent de si jolis revenus ? Et les médicaments anti-grippaux genre Tamiflu si chers à notre Roselyne, pourquoi ne les utilisent-ont pas ? Une suggestion pour améliorer la couverture vaccinale : enregistrer cette vaccination sur la Carte Vitale : pas vacciné, pas remboursé ! Pourquoi faire compliqué ?

Le titre "On tue les vieux" renvoie à un ouvrage collectif écrit par des spécialistes de gériatrie, parue en 2006 (Fayard) et remis à jour en 2014. Il n'a jamais été commenté, ni critiqué, ni démenti. Ce livre décrit la vie des Vieux en maison de retraite et hospices des années 2000, dans notre belle France, c'est aussi un catalogue de maltraitances hallucinantes. Avec Palmyre Pierre-Lobry, nous avions utilisé ces données pour écrite Vieux corbeaux ne croassent jamais sans raison (Société des Ecrivains, 2015), histoire d'amour entre deux reclus d'un de ces mouroirs.

La situation s'est-elle améliorée ? Pas vraiment, avec 13 morts de la grippe dans un seul EHPAD de Lyon fin 2016 et la terrifiante histoire d'Augusta (90 ans, Alzheimer), à Saint-Mandé, prise comme punching-ball par un soignant alcoolique et violent. Pour les années à venir, quels sont les engagements de nos fabuleux candidats à l'élection présidentielle pour améliorer le sort des Vieux ? Je n'ai rien lu, ni entendu, à part les sempiternelles promesses d'améliorer les "petites retraites". Au fait, c'est quoi une petite retraite dans la tête d'un énarque à 10 000€/mois minimum, tellement loin de la vraie vie qu'il croit qu'un petit pain au chocolat coûte 15 centimes d'euro ? Sachant que la retraite moyenne des Français est de 1320€ brut, nos joyeux politiciens pensent qu'avec ça les heureux bénéficiaires se la coule douce : farniente, sport (là, on pense avec attendrissement à ce brave Robert qui à 105 ans pédale encore comme un fou), ou, comme on voit à la télé, en croisière, quand on les embarque par millions sur d'énormes paquebots. Arrivés au port, ils se déversent dans des bus : toutes ces têtes blanches partent alors en excursions (allons-bon, dans ce reportage, ils parlent tous allemand !).

La "petite retraite", c'est aussi celle de mon ami Jean-Pierre que je rencontre dans mon Bar-PMU préféré chaque matin devant un café. D'abord agriculteur, puis artisan, il a travaillé depuis ses 14 ans et il touche à 67 ans 900€ par mois. Pour améliorer ce maigre revenu, il tire à travers les rues un lourd caddie à roulettes plein de prospectus à glisser dans les boîtes aux lettres, qu'il pleuve ou qu'il vente. Il n'a pas d'illusions sur son futur et il votera parce qu'il le faut. Il hausse les épaules lorsqu'il entend les plus jeunes (chômeurs, RSAïstes et oisifs) brailler : "Là-haut, ils se gavent, il faut que ça pète !". C'était déjà le refrain du grand "Parti des travailleurs" dans les années 1950, quand il voulait faire rendre gorge aux 200 familles les plus riches. Ça devait être le "Grand Soir", comme disait le "Fils du Peuple", Maurice Thorez. Le problème, c'est qu'ils sont toujours restés à la veille de ce Grand Soir, et ce n'est pas leur lointain successeur, le candidat-hologramme qui va passer à l'acte !

Mais à cette époque, on se serrait les coudes, les familles tenaient bon et continuaient jusqu'à leur mort, à abriter les Vieux. A présent, on est bien trop occupé par le travail, les loisirs, les smartphones et les séries à regarder sur l'omniprésente télé. Le Vieux, gêne, on n'en veut plus, allez hop... direction Gagaland, brève étape avant le grand saut finale.

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