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  • Photo du rédacteurGuy Adrian

"Cirage de pompes"


Au cours d'une vie bien remplie, je ne me suis fait cirer les chaussures que deux fois : en Thaïlande, par une très vieille dame au bout du rouleau et en Russie, par un congolais, dans mon hôtel pour touristes. Moi qui étais là-bas pour rencontrer les "babouchkas" blondes, j'ai beaucoup appris de cet homme qui essayait de survivre, sur le racisme ordinaire, l'obligation de se prosterner devant les puissants et de louanger les dirigeants, de Staline jusqu'à maintenant Vladimir. Rappelez-vous du "Petit Père des Peuples, Lumière de l'Occident et Phare du Socialisme". Même les écrivains étrangers ont participé à ce délire, tel Aragon : “Si un jour ma bien-aimée me donne un fils, nous l'appellerons Staline !”.

Faire l'éloge d'un dictateur ou d'un grand de ce monde peut avoir un intérêt sonnant et trébuchants. Mais quid de l'éloge d'un écrivain contemporain ?

Je cite Aujourd'hui en France-Magazine, du 10 février, article signé de Lucas Bretonnier et intitulé : “Yan Moix, penseur haute définition”.

(Cet écrivain est aussi réalisateur et homme de télévision : On est pas couché, France 2, samedi soir).

"L'écrivain a une mission : éclairer le monde. Allumer les projecteurs de son intelligence et offrir à ses lecteurs l'occasion d'y voir plus clair. Yan Moix passe le monde au rayon-X (Moi-x) et en livre une radiologie unique. Cette acuité creuse même les traits de son visage. Yeux écarquillés, sourcils en circonflexe, front plissé : aérodynamisme de la pensée. Les cellules de son visage semblent aimantées par son regarde, comme la matière est aspirée par un trou noir".

Que c'est beau, bravo ! J'espère qu'après un tel panégyrique, Ruquier va embaucher ce journaliste, sinon certains de nos politiciens candidats à la Présidence, pas très bien placés dans les sondages auraient grand besoin d'un dresseur de louanges aussi doué !

Dans le genre cireur de pompes, on a connu lors du quinquennat (presque) précédent un certain Aquilino Morella, plume du Président, qui en plus de cirer celles de son chef, faisait venir un cireur au frais du contribuable, à l'Elysée, pour faire briller les siennes. Ça n'a pas plu, il a été viré et a écrit un livre (de plus) pour dire beaucoup de mal du (presque) ex-Président. Mais au lieu de cracher dans la soupe, il aurait mieux fait de cracher sur ses godasses, un crachat, et un coup de chiffon et ça fait briller mieux que bien !

Plutôt que ces petits messieurs, je préfère vous citer Sénéque : La brièveté de la vie, XXV-2, à propos des hommes qui peuvent avoir pour amis les grands philosophes : Zénon, Pythagore, Démocrite, Aristote, "prêtres des Sciences

du Bien".

“Quelle félicité, quelle belle vieillesse attendent celui qui s'est mis sous leur patronage ! Il aura des amis avec qui délibérer sur les plus grandes comme sur les plus petites choses, qu'il pourra consulter tous les jours sur lui-même, de qui il entendra la vérité sans outrage et la louange sans flatterie, à la ressemblance desquels il pourra se façonner.”

A notre époque pouvons-nous encore trouver les mentors qui nous transformerons en "Homme de Bien" ?

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