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  • Photo du rédacteurGuy Adrian

"NASH, investigations"


Je ne vais pas vous parler d'une nouvelle série policière, ni de l'émission de la pugnace présentatrice télé reconvertie en enquêtrice, mais de "Non Alcoholic Steato Hepatitis", en abrégé N.A.S.H., la nouvelle affection du foie qui se propage, une cirrhose fatale due à l'abus de sucres (sodas) et de graisses. Cette maladie de la malbouffe atteint les obèses et grassouillets que vous voyez autour de vous. On a récemment parlé dans les médias de ce NASH en évoquant Pierre Menés, le jovial journaliste spécialiste de foot qui n'a du son salut qu'à une greffe de foie et d'un rein (Le Parisien 2 avril 2017). Jusqu'ici la cirrhose, la vraie, c'était surtout le bout de la route pour nos pochetrons hexagonaux, les piliers de bar, ceux qui avaient justifié leur penchant pour la bibine avec des arguments douteux comme : "C'est le pivarol qui a sauvé la France !" (Poilus de 14-18). Le beaujolais nouveau arrivait, les whiskies aussi et les apéritifs anisés ont remplacé l'absinthe, la fée verte des poètes. De la beauté blonde alanguie dans son fauteuil, coupe de champagne à la main au clochard sur son banc tétant son litron de rouge au goulot, pendant soixante ans, j'ai vu la France picoler, glouglouter, pomper, siffler, licher, s'imbiber, de l'apéro du matin jusqu'au bout de la nuit.

Bien évidemment, 20% des consommateurs compulsifs sont atteints par la cirrhose, maladie irréversible transformant certaines zones du foie en graisse (stéatose), plus nodules et tissus fibreux, provoquant fatigue, anorexie, fonte musculaire et liquide dans l'abdomen. Celui-ci va augmenter de volume pour devenir comme un gros ballon : c'est le "durillon de comptoir" qui se place en général au dessus de la ceinture. Jeunes, ils peuvent sans problème s'accouder des heures au zinc de leurs bistrots favoris, mais, passé la soixantaine, ils sont plus souvent assis, même si on voit des vaillants octogénaires accrochés au comptoir pour boire leur verre de blanc tenu à deux mains à cause de la tremblote. Je pense à tous les braves gens morts au "champ d'honneur" de la bibine... Combien d'acteurs (Carmet, Villeret...), d'auteurs (Fallets), de chanteurs (Gainsbourg) et tant d'autres !

Soixante grammes d'alcool pur par jour pendant dix ans (vingt grammes pour les femmes), cela suffit pour déclencher une cirrhose. Les alcooliques chroniques représentent 80% de ces malades, le reste est dû aux hépatites et maintenant au NASH. La plupart de ceux-ci ne boivent pas d'alcool mais on a affaire à une autre addiction : hamburgers, pizzas, kebabs et pâtisseries industrielles arrosées de soda sucrés à la clef un surpoids. Ces "malbouffeurs" intoxiqués ont dans leur sang trop d'insuline chargée d'abaisser le taux de sucre. En quelques années, leur pancréas, glande qui fabrique cette hormone, fatigue. Ils vont commencer un diabète (type II) et leur taux d'acides gras dans le foie va augmenter (stéatose). Gavés au sucre, ils vont se faire un "foie gras" comme des canards gavés au maïs. De plus, ils seront gros, voire obèses, là, il n'y a pas que le ventre, c'est aussi une taille épaisse, des bras et jambes énormes avec des bourrelets de graisse sur les cuisses et les genoux. C'est très moche ! Regardez autour de vous, ils sont partout, souvent de très jeunes pré-ados, en particulier des jeunes filles. La mode étant aux leggings, collants épais jusqu'à la taille, la vision de ces jambes et fessiers n'est pas vraiment plaisante, d'autant qu'on nous montre dans tous les défilés de mode et les magazines des mannequins anorexiques d'un mètre soixante-quinze, quarante cinq kilos, taille 34. Quel contraste, avec frustration en retour ! A 20 ans, les "jeunes femmes fortes" vont fréquenter les salles de fitness pour se dandiner sur les tapis roulants et pédaler sur les vélos, peu motivées, peu concentrées, casque audio sur les oreilles et portable à la main. A ce stade, il leur faudrait une heure d'exercice intensif par jour et un régime draconien pendant deux ans pour obtenir de véritables résultats : difficile !! Alors il reste la chirurgie ou les pilules coupe-faim et les médicaments dangereux. Le tristement célèbre Mediator était déjà sur ce créneau. Des médicaments anti-NASH sont à l'étude, est-ce une bonne nouvelle ? En voyant les structures de ces molécules, j'ai l'impression de retrouver des vieilles copines, car ils ont ressortis des tiroirs les anti-diabétiques et anti-cholestérol (fibrates) des années 1980, juste modifiés pour obtenir les indispensables brevets.

D'où viennent ces envies compulsives, ces addictions à la nourriture, à l'alcool, à la drogue, au sexe et généralement le besoin de plaisir ? De nombreux gènes sont impliqués, un lien est établi entre la prédisposition à la dépendance et une activité "anormale" de notre cerveau où il existe des interactions chimiques complexes qui forment le "circuit de la récompense" destiné à libérer un neurotransmetteur associé à la sensation de plaisir : la dopamine. Bien sûr, qui n'a pas envie de se "faire plaisir", souvent, et même beaucoup plus souvent ? Mais l'excès de cette dopamine peut être néfaste : dans la maladie de Parkinson les malades souffrent d'un déficit de dopamine. En augmentant celle-ci avec des médicaments (pramipéxole), certains patients sont devenus accros aux jeux de Casino et au sexe, ce qui n'est pas forcément le but recherché chez les personnes âgées de plus de 80 ans ! Des implants cérébraux peuvent aussi stimuler cette production de dopamine. Dans un futur proche, on pourra ainsi contrôler nos pulsions, nos envies et autoriser quelques petits plaisirs... Pas trop, quand même !

Vous vivrez une époque formidable, pas moi ! Je me console en fredonnant une petite chanson d'Alain Souchon "On est foutu, on mange trop, qu'est-ce qu'on fera quand on sera gros, Papa Mambo ?".

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