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  • Photo du rédacteurGuy Adrian

Pénurie (suite)


Disons adieu aux bagnoles à essence ou diesel, aux bus et camions cracheurs de gaz carbonique, de particules et d'oxydes d'azote si dangereux pour nos petites santés et pour notre belle Planète.

Non, je ne vais pas vous réciter un manifeste en faveur des véhicules électriques à batteries Lithium-ion dont on nous vante tous les jours les mérites : ils sont propres, silencieux, autonomes (300 kilomètres) et à la portée de tous, grâce aux mirifiques primes à l'achat (parlez-en aux gilets jaunes). Bien sûr, ils sont écologiques grâce à l'électricité verte fournie par les éoliennes et les panneaux solaires. Si vous l'avez acheté vous êtes tombé dans le panneau car la fabrication d'une voiture électrique requiert plus d'énergie que celle d'une voiture classique. L'impact environnemental des batteries Lithium est énorme : elles représentent 25% du poids de la voiture, sont produites pour 80% en Chine, et on ne sait pas les recycler. L'extraction du Lithium ravage les déserts salés du Chili, d'Argentine et de Bolivie et le Cobalt indispensable est extrait en République démocratique du Congo dans des conditions inhumaines.

Globalement, une voiture électrique génère durant son cycle de vie trois-quart des émissions carbone correspondant à une voiture classique (rapport ADEME 2016). De plus, l'électricité qu'elle va consommer durant cette période ne sera pas si verte, puisque principalement nucléaire en France et venue de centrales à charbon en Allemagne.

Oubliez, Chers Lecteurs, la bagnole électrique, gardez les trottinettes et les vélos si vous voulez, et faites un grand bond technologique vers le 21ème siècle : l'Hydrogène arrive, c'est le carburant du futur ! Il est combiné à l'oxygène de l'air dans une Pile à combustible (PAC) pour produire un courant électrique qui va faire fonctionner le moteur de votre véhicule. Cette réaction chimique ne produit que de l'eau, sans gaz à effet de serre autre. Le plein de réservoir ne demande que 5 minutes avec l'hydrogène liquide (à -250°C, attention les doigts) et l'autonomie est de 600 km. Vous avez déjà des modèles chez Hyundaï, Honda et Toyota à 80 000€ environ. Encore plus fort, on nous annonce l'arrivée des PAC dans les transports en communs : bus et trains. Le journal Le Progrès du 24 mars titre sur 2 pages : "Les trains à hydrogène bientôt en gare", à partir de 2022-2023. Ces trains "Coradia" d'Alsthom pourront à la fois circuler sur le réseau électrifié classique et passer sur les lignes secondaires pour lesquelles le coût de l'électrification serait trop important. Des projets de ce type sont en cours dans le monde entier.

Ça y est, nous sommes sauvés, on dit stop au réchauffement climatique : voitures, camions, bus et trains, tout roule... à l'hydrogène !

Mais d'où vient cet hydrogène qui va nous sauver ? Bonne question... Réponse : du craquage du pétrole. Lorsqu'on en fait de l'essence et de l'éthylène, il se dégage de l'hydrogène et c'est 95% de la production actuelle. L'hydrogène est donc aussi un combustible fossile, déguisé, pas vert du tout !

Ah mais non, proclament les tenants du projet, il suffit de décomposer de l'eau par électrolyse (passage de courant électrique entre deux électrodes) et voilà de l'hydrogène propre. Oui mais, d'où vient cette électricité : nucléaire, gaz, charbon ou renouvelable ? Choisissons évidemment la dernière option en utilisant une pile photovoltaïque qui grâce au soleil fournit de l'électricité qui va décomposer de l'eau pour nous donner de l'hydrogène que nous allons brûler dans la PAC pour refaire de l'eau et de l'électricité qui à présent va faire tourner un moteur.

Vous ne trouvez pas ça loufoque ? Moi, si, et en plus le rendement énergétique de ce cycle n'est que 20-30% et ça demande plein de matériaux rares pour y arriver. Même très rares, car il faut du Platine pour réaliser l'électrode dans la PAC, ce Platine est le seul élément capable de catalyser (activer) la réaction de l'hydrogène avec l'oxygène.

Ce Platine, élément 78, n'est pas du tout abondant sur cette Terre, plus rare que l'Or, en fait. On en produit chaque année dans le monde 200 tonnes dont 150 en Afrique du Sud dans les Bushweld (zone de Limpopo et Gauteng). Dans cet endroit désertique les filons contiennent aviron 2g de métal par tonne de roche, le Platine y est associé à 6 autres métaux dits platinoïdes et la séparation est difficile : 10 opérations chimiques et métallurgiques où l'on obtient aussi du Palladium et du Rhodium très utiles pour la bijouterie et les pots catalytiques. Les 200 tonnes produites si laborieusement représentent avec 20g de Platine par PAC, un maximum de 10 millions de véhicules équipés, pas grand chose sur la Planète. Pour arriver à cet objectif, il faudrait ravager totalement cette zone du Bushweld (Merensky Reef et U.62) en creusant jusqu'à 2km de profondeur. En traitant toute cette caillasse (on ne sait où), on arriverait à 20 000 tonnes de Platine, la quasi-totalité de la réserve terrestre. On comprend mieux que des industriels américains aient l'idée d'aller dans l'espace capturer des astéroïdes riches en Platine et de les ramener sur Terre. C'est à peu près aussi réaliste !

Autre problème : une fois qu'on a les PAC, il faut faire les moteurs électriques très gourmands en Cuivre, Nickel, Cobalt et "Terres rares" indispensables. L'essentiel de ces métaux est raffiné et exploité à 90% par la Chine qui nous tient par les "parties vitales" en provoquant la pénurie et les spéculations. En effet, pour l'éolien, les panneaux solaires, ordinateurs, écrans, smartphones et objet connectés, il faut toujours plus de minéraux rares. Pour tout savoir : "La Guerre des métaux rares" (G. PITON, les liens qui libèrent, 2018).

Plutôt que de partir tête baissé dans des aventures soi-disant écologiques, nos chers dirigeants des entreprises et de l'Etat feraient bien de vérifier d'abord les ressources et l'état des technologies avant de se lancer dans des projets viables. C'est sûrement trop leur demander lorsqu'on note la quantité de débilités récurrentes destinées à faire le buzz, claironnées un jour, abandonnées le lendemain. Au festival des projets fumeux et des idées fantaisistes il n'y a pas de Pénurie !

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