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  • Photo du rédacteurGuy Adrian

Petite prostate deviendra grosse...


Cher Ami Lecteur, insouciant possesseur de cette glande masculine des plus secrètes, les quelques mots qui suivent s'adressent à vous. Mais, Chère Amie Lectrice ne vous enfuyez pas, car vous êtes beaucoup plus concerné par le sujet que vous ne le pensez.

Tout d'abord, cette prostate, glande indispensable à la reproduction, de par son ancien nom grec Parastates est celle qui se tient devant. Elle sécrète une partie du liquide séminal qui entre dans la composition du sperme et permet à vos spermatozoïdes de se promener pour aller perpétuer l'espèce. Votre prostate est formée de petites glandes qui produisent ce liquide et de tissus musculaires (stroma) qui va permettre lors de l'orgasme de faire sortir le jus (comme on presse une éponge) et d'éjaculer, c'est-à-dire d'envoyer dans la nature deux à six cc. (centimètres cubes) soit une cuillère à café pleine et non pas une tasse entière (cent cc.), comme vous le racontiez à vos 15 ans, sacré petit vantard !

Cette glande est située sous la vessie, elle est creuse en son milieu. en sortant de la vessie, l'urine passe par ce creux. A vos 20 ans elle a la taille d'une petite clémentine et pèse 20 grammes, puis très souvent, après 40 ans, elle grossit tranquillement, et, quasiment tous les Vieux Gars de 70 ans ont une grosse prostate (mais 80% d'entre-eux ne le savent pas et n'en sont pas gênés). Souvent, en grossissant, les tissus formés freinent le passage de l'urine et ça devient un vrai souci. Cette augmentation de taille de la prostate (hyperplasie) vient de la formation en excès de cellules non-cancéreuses d'où le nom : Hypertrophie Bégnine de la Prostate ou H.B.P. Parmi les causes : vieillissement, taux de testostérone, hérédité, influence des maladies digestives et métabolisme, on ne sait pas trop, alors venons-en aux faits : cette H.B.P. provoque le rétrécissement du canal et gêne la sortie des urines de la vessie pour 20% des hommes concernés c'est-à-dire trois millions de français mâles de plus de 50 ans. Un sur deux se lève la nuit pour uriner une fois, et un sur cinq, deux fois et plus. Il y a pour eux un problème de vidange imparfaite et de stockage. Il faut alors impérativement consulter votre médecin référent, qui, probablement, vous enverra vers le spécialiste : l'urologue.

Si vous êtes un adepte à tout crin de foutaises appelées abusivement "Médecines douces", vous entendrez parler de plantes miraculeuses qui vont décongestionner votre glande et améliorer vos mictions, entre-autres "l'huile de pépin de courge" ou l'extrait de "palmiers-nains de Floride". Leurs noms varient autour de "Prosta-truc" et leurs pubs dans les gazettes ou les télés montrent un couple aux cheveux gris, heureux lors du petit-déjeuner parce que Monsieur ne s'est pas levé pour pisser et que Madame, du coup, a passé une bonne nuit. La pub ne dit pas s'ils vont continuer en s'offrant le café des pauvres, mais on peut s'en douter : laisser tomber !

Pour commencer le parcours, votre médecin habituel va vous écouter et poser des questions précises sur vos séances pipi et peut-être vous prescrire un médicament destiné à relaxer votre vessie perturbée à force de vouloir se vider sans résultat. Ça sera efficace dans la moitié des cas. Mais si, hélas, vous faites partie de ce million de braves français qui ont des problèmes urinaires assortis de douleurs internes, de dysfonctionnement érectiles et d'une baisse du nombre de rapports sexuels, alors l'urologue vous tend ses bras, avec au bout des bras ses mains, au bout de ses mains son doigt ganté et lubrifié. Incontournable !

Ce doigt inquisiteur introduit dans l'anus du patient permet au spécialiste de constater l'état de la prostate en taille et aspect. Cet examen digital est souvent accompagné d'une échographie pour obtenir un diagnostic précis. Vous vous êtes prêté à cet examen, mais un bon nombre d'hommes matures refusent de s'y soumettre, parce qu'ils assimilent ce geste à une sodomie et une atteinte à leur virilité. C'est un héritage culturel gréco-romain. A l'époque de Rome, le Citoyen viril était celui qui pénétrait le vagin (fututor) ou qui pénétrait l'anus (pédicator), mais la honte et l'opprobre prescrit sur le "cinéadus", celui qui était pénétré par l'anus. On retrouve encore cette réprobation dans toutes les cultures méditérranéennes.

Chacun ses goûts, ça n'est pas à moi d'en juger, Chers Lecteurs, mais c'est d'autant plus étrange que la sodomie est très tendance actuellement, homosexuelle, évidemment, mais aussi hétéro. Deux-tiers des clients des dames-escortes demandent à pratiquer cette pénétration (code A+ sur les annonces Internet). Mieux encore (façon de parler), un bon nombre de ces dames proposent le "massage prostatique". Une légende urbaine voudrait, en effet, que la Prostate soit "le point G de l'homme" ! C'est "practiciennes" proposent donc de la stimuler avec leurs doigts ou des ustensiles en vente dans tous les Sexshops. Pure foutaise ! Laissons parler le Pr. Desgrandchamps, éminent spécialiste (La Prostate on en parle, éditions Hachette, 2018) : "Il n'y a aucune partie individualisable dans la prostate pouvant faire évoquer la présence d'une zone particulièrement sensible, riche en terminaisons nerveuses, ni d'ailleurs dans l'épaisseur de la paroi antérieur du rectum. Le point G reste fantomatique chez l'homme et la prostate n'y est pour rien.".

Revenons à cette prostate hypertrophiée H.B.P. sans danger vital pour vous. Attention à ne pas tout mélanger, très souvent vous entendez proclamer : "Oh, pour moi pas de souci, je fais mesurer mon PSA tous les ans, il est inférieur à 4 nanogrammes par millilitre, donc je suis bien !". rien à voir, en fait ! Depuis deux décennies, c'est une mesure faite lors des analyses sanguines de routine des mâles de plus de 50 ans dans le but de dépister des cancers de la prostate débutants. On parle à présent du développement incontrôlé des cellules de tout ou partie de cette prostate, 60 000 cas nouveaux par an en France, 10 000 morts. L'élévation brutale du taux de PSA (prostate specific antigen) peut être causer par ce cancer. L'urologue va vous surveiller (pendant des années, si bénin), vous traiter ou vous opérer en enlevant tout ou partie de la glande.

Ôter la prostate quand on est âgé, qu'on n'a plus envie de se reproduire ou de copuler, de manière préventive (comme l'actrice Angelina Jolie l'a fait pour ses seins), ça serait une solution. et bien non, car vous risqueriez d'être incontinent, d'où la nécessité des couches ! Vous allez me dire, Cher Lecteur Super-Senior de 90 ans : "Je m'en fous, de toute façon à l'EHPAD ils nous en mettent déjà !". Soit, mais si plus jeunot, vous êtes encore adepte des galipettes érotico-fantaisistes, vous risquez en plus du pipi non-stop d'avoir des érections faiblardes, là, le viagra vous aidera, mais s'il n'y a plus rien, il ne vous restera que le bridge, les sudokus et votre collection de timbre.

Heureusement, si vous n'avez qu'une banale H.B.P., votre chirurgien-urologue va vous proposer une chouette petite résection pour déboucher votre tuyau intime. Il va passer une sonde laser dans votre zigounette et vous brûler (vaporiser) le surplus de tissus qui gêne le passage de vos urines. Et hop, une journée de clinique et c'est tout bon ! A vous les beaux pipis bien drus qui sonnent clair sur la faïence, surtout la nuit pour réveiller vos voisins et votre compagne (ou compagnon). encore un détail : après cette "résection endoscopique", vous allez avoir une "éjaculation rétrograde" qui ne modifiera pas vos érections ni vos orgasmes. Lors de l'éjaculation, votre sperme va partir dans la vessie. Plus rien ne va sortir, à la surprise de votre partenaire soulagé(e), qui n'aura plus à aller à la salle de bain pour y pleurer les larmes d'amour. Mieux, ça ne fera plus de cochonneries sur le drap de dessous, donc des économies de lessive en perspective. Par contre, vos bestioles vont se noyer dans le pipi de votre vessie, les pauvres ! Ça n'est pas cool, mais l'organisation "laissez-les-vivre" n'a pas encore l'intention de les défendre, ni d'empêcher ce pré-génocide. Mais si vous le voulez, vous pouvez faire congeler quelques-uns de vos spermatozoïdes, on ne sait jamais.

P.S. : Je dédie ce petit article à un ami très cher qui s'est fait vaporiser sa prostate le 12 avril 2018. Six heures après, en pleine forme il me disait que tout fonctionnait, qu'il avait juste une sonde dans le zizi et qu'il sortait de la clinique le lendemain... On vit une époque formidable !

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