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  • Photo du rédacteurGuy Adrian

Levothyrox


On apprend plein de choses grâce à la télé, avec des scénarios et des révélations dignes des meilleures séries. Je voudrais vous parler de l'émission "Enquête de Santé" sur France 5, ce 21 mars 2018. Pour une fois, le co-présentateur Michel Cymes est resté muet, passif et gêné devant cette totale et désespérante "cagade" déballée en public.

On devait parler de Levothyrox, destiné à traiter la déficience de la glande thyroïde, médicament le plus prescrit en 2017, avec en France trois millions d'utilisateurs (tous les jours, toute leur vie durant). En mars 2017, la formulation a changée : le principe actif, Levothyroxine sel de sodium est resté le même, mais l'expient lactose a été remplacé par du mannitol. Donc un sucre remplacé par un autre sucre.

Résultat : environ 500 000 personnes, d'après la représentante de l'association de victimes, ont présenté des symptômes inquiétants et violents : migraines, vertiges, fatigue, perte de poids. Ils ont bien sûr voulu revenir à l'ancienne formulation, pas question leur a répondu le fabricant français (filiale d'un groupe pharmaceutique allemand). Sur le plateau télé, le PDG français s'est perdu dans un bafouillage dont il ressortait que cette histoire de mannitol, c'était bien pour les patients qui auraient pu être intolérant au lactose et que la nouvelle formulation était plus stable. Le fait que comme par hasard, la maison-mère voulait lancer son Levothyrox en Chine, pays d'intolérants au lactose, n'avait rien à voir, circulez !

Autre épisode grotesque : une directrice de notre Agence nationale de Sécurité des Médicaments est venue sur le plateau confesser que l'information donnée aux médecins prescripteurs sur ce changement de formulation s'était résumée à un simple mail perdu parmi des centaines d'autres. On attendais des excuses. Ben non ! On fera mieux la prochaine fois. En attendant, nos voisins belges avaient, eux, mentionné en lettres rouges sur les boîtes : changement de formulation.

Ensuite, ça s'est encore gâté, car les Doctes Professeurs d'endocrinologie, spécialistes de la Thyroïde convoqués ont affirmé (avec un peu de gêne, quand-même), que sur les 3 millions de patients traités au Levothyrox, 85% soit 2,5 millions n'en avaient pas besoin ! Une simple surveillance annuelle de leur TSH (Thyréostimuline : hormone produite par l'hypophyse qui stimule la production des hormones thyroïdiennes) suffisait. Donc, on drogue abusivement ces gens tous les jours, leur vie durant. Un épidémiologiste belge a confirmé, un professeur suisse, lui, a suivi 700 personnes limites en TSH, lors d'un essai contrôlé, moitié traités au Levothyrox, moitié avec un placebo. Résultat : le Levothyrox n'apportait rien !

Pire, et là on a bu la lie du calice en parlant des ablations de la Thyroïde, suite à un cancer de cette glande. Comme d'habitude, on a eu la jolie vidéo d'un cabinet médical, échographie et prélèvement au niveau du cou, examens au microscope : ah, des grosses vilaines cellules, c'est un petit début de cancer, hop, ablation réalisée peu de temps après par un chirurgien ORL, vidéo, on ôte la glande suspecte. Pas de souci, le Levothyrox à vie, va fournir l'indispensable hormone. Oui, mais... Les Doctes oncologues-endocrinologues consultés affirment : ces cancers n'évoluent pas et ne sont pas dangereux. Tant que le nodule est inférieur à 1 centimètre, l'opération est inutile, un suivi annuel suffirait.

Et notre activité, a fait remarquer le représentant des découpeurs de glande, il faut bien qu'on vive, non ? Réponse : 75% des ablations de la Thyroïde, en France, sont inutiles... A défaut de légiférer, nos autorités de Santé pourraient-elles au moins freiner cette gabegie ?

Revenons à ce Levothyrox nouvelle formulation imposée par le fabricant français, seul fournisseur en 2017. Vous avez noté, chers Lecteurs, qu'il y a 500 000 victimes d'effets secondaires. Or, d'après les savants endocrinologues, seulement 500 000 patients ont vraiment besoin du produit. Est-ce un coïncidence ? Un esprit cartésien, comme le votre - et le mien - peut affirmer que pour les 2,5 millions chez qui ce Levothyrox ne sert à rien, le changement de formulation ne peut rien leur faire : RIEN DE RIEN !

Assez rigolé ! Dans une vie antérieur, j'ai eu à préparer du Levothyrox (le principe actif sous forme de sel de sodium), en vue de la production d'un générique. Ce produit est instable et perd facilement un atome d'iode sur les quatre au départ, mais le produit à trois iodes est bio-actif lui aussi. Dans le comprimé final, stocké sous blister, que devient l'iode baladeur ? Ce Levothyrox est un produit délicat, son dosage aussi. Le fameux principe de précaution dont on nous rebat les oreilles aurait dû s'appliquer. En attendant, plutôt que d'obliger les malades à filer en Espagne acheter ce Levothyrox ancienne formule - avec leurs sous - pourquoi ne pas reprendre en France cette formulation ? A ma connaissance, les lignes de production de comprimés ne manquent pas. Sinon si vous faites partie des 85% qui prennent inutilement ce produit, allez voir en endocrinologue pour avis.

Portez-vous bien !

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